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La surpopulation carcérale n'est pas une fatalité
Ce que l’on prétendait impossible est arrivé : 13 500 détenus en moins entre mars et mai 2020, sans faire de vague !
Il faut dire qu’il y avait urgence sur le plan sanitaire en période de pandémie Covid-19. Il y avait également un risque de mutinerie avec la suspension des parloirs et le contexte anxiogène du confinement.
C’est dans ce contexte que la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, a fait pression en demandant des libérations anticipées.
Au final, le gouvernement ne fait que se référer au quantum fixé par la loi de mars 2019, en dessous duquel les magistrats doivent aménager les peines en milieu ouvert pour les détenus à moins de six mois de la fin de leur peine.
Le passage aux actes a été dicté par l’urgence, mais force est de constater que le résultat est là.
L’impact sur les conditions de vie à l’intérieur des prisons a été particulièrement significatif tant pour les détenus, malgré la suspension des visites (moins de promiscuité) que pour les surveillants sur pénitentiaires (plus de temps pour faire du bon boulot).
Cela illustre bien que la solution ne réside pas dans le recours systématique à l’enfermement et à la construction de nouvelles places en prison. On peut faire autrement et atteindre l’objectif d’un encellulement individuel sans gros investissements immobiliers.
Mais il faut donner à la justice les moyens de fonctionner et ne plus considérer son budget comme une variable d’ajustement (cf notre article La situation-carcerale-en-france-du-deja-vu-toujours-insupportable). À ce titre, la surpopulation pénale pourrit toute la chaîne pénale et altère le travail effectué par chacun des acteurs.
C’est pourquoi l’association des anciens du Genepi s’est jointe aux signataires de la lettre ouverte (pdf) proposée par l'Observatoire international des prisons (OIP-SF) et adressée au président de la République le mercredi 3 juin.
On parle beaucoup du « monde d’après », dans le domaine des prisons et de la justice en particulier.
En effet, à la faveur de la crise sanitaire des derniers mois, le taux d’occupation des prisons est passé, pour la première fois depuis près de vingt ans, en dessous du seuil des 100%.
Il faut toutefois avoir à l’esprit que la baisse du nombre de personnes en prison a été également liée à la mise en sommeil des juridictions.
Depuis début juin, le nombre de détenus est bien remonté en plusieurs endroits.
Ainsi, à la maison d’arrêt de Brest, 254 places et 430 détenus au 1er janvier, après une baisse spectaculaire (321 détenus au 1er mai), la tendance s’est fortement inversée (365 détenus au 1er juin).
Situation fragile donc mais le contexte est inédit : le nouveau locataire de la place Vendôme, Eric Dupond-Moretti, en est conscient. Début juin, l’avocat qu’il était encore a apporté sa signature à la lettre ouverte adressée au Président de la République.
L’occasion est historique !
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